Create polls and vote for free. dPolls.com Joël Monpère, libre penseur militant: mars 2006

Joël Monpère, libre penseur militant

3.30.2006

La France est-elle encore une démocratie?

Le constat est indiscutable: la France n’est plus un Etat de droits. La France n’est plus une démocratie. La Nation est en péril. Comment nier ces évidences?

Cet état des lieux repose sur trois constatations implacables:

La république n’est plus souveraine
La république se décompose ainsi: le peuple socialisé et les laissés pour compte.

La souveraineté du peuple, dont la rue est le mode d’expression le plus légitime et le plus fiable, n’est plus respectée. En refusant de retirer le projet de loi, c’est la volonté de la Nation qui est bafouée. N’est-ce pas la définition même de l’absence de démocratie?

A travers les casseurs, ce sont tous les exclus et les laissés pour compte qui s’expriment: les africains victimes du racisme, les jeunes envers lesquels la société manquent de respect, les pauvres victimes de l’ultra libéralisme sauvage. Leurs destructions ne sont pas seulement un appel à l’aide et un refus catégorique de la précarité induite par le CPE. Elles manifestent également un désir de changement: cette société injuste, ils n’en veulent plus. Détruisons ses symboles visibles et rebâtissons à la place des lieux de vie colorés ouverts à l'autre! Ces victimes du système ont tous en tête l'économiste Joseph Schumpeter et son concept de destruction créatrice.

Les bien-pensants s’offusqueront sans doute que l’on casse. Mais les exclus ont-ils à leur disposition un autre mode d’expression pour dire non au CPE? De par son autisme, le gouvernement ne justifie t’il pas les actions violentes? La révolution française, la commune et la résistance au nazisme se sont-elles déroulées sans heurts?

Rappelons par ailleurs que le premier ministre n’a jamais été élu, pas même à une élection locale et que le Président de la Ripoublic n’a quant à lui pas gagné la dernière élection présidentielle. Cette dernière ne s’est pas conclue par la victoire de Chirac, non, les gens n’ont pas voté pour lui mais contre la bête immonde Lepen. Cette victoire fut celle des valeurs de justice sociale, de métissage citoyen et de refus de l’ultralibéralisme sauvage xénophobe. Pourquoi donc Chirac a aujourd’hui le pouvoir entre ses mains sales?

Refus catégorique du dialogue

En démocratie, le vote d'un projet de loi doit être le fruit du dialogue avec des syndicats dont la légitimité est indiscutable car ils sont la voix de tous les travailleurs et de tous les chômeurs. Les syndicats demandent préalablement au début des discutions avec le gouvernement le retrait du CPE. C’est un minimum! Pourquoi le gouvernement refuse? Si le CPE est une bonne chose, nul doute que les syndicats, mesurés, citoyens et agissant pour le bien de tous, l’établiront et demanderont son instauration. Par simple pragmatisme. Mais l’heure n’est pas au dialogue respectueux où gouvernement et syndicats parleraient d’égale à égale.

L’intransigeance du gouvernement UMP se manifeste également à l’encontre des représentants du peuple que sont les députés de l’Assemblé Nationale. Les lois sont passées en force, sans débat parlementaire, en refusant à l’opposition progressiste de s’exprimer, de contribuer au débat avec ses réflexions constructives.

Notons également que l'Assemblée Nationale est instrumentalisée par la droite: un groupuscule composé de quelques centaines d’hommes politiques de l’UMP utilisent le parlement pour imposer leurs volontés à 62 millions de personnes et faire passer des lois qui leur plaisent. Quelle négation de la démocratie! Quelle est cette conception de la gestion d’un état où le gouvernement décide? Il n'y a plus qu'une seule façon de voter démocratiquement: la lutte.

Culte de la force: ça passe et ça casse

Le peuple n’est pas content et le fait savoir? On envoie les CRS (et bientôt les chars?) passer à tabac les libres-penseurs et les syndicalistes. Je ne m’attarde pas là-dessus car je publierai sous peu un commentaire spécifique sur ces manquements graves aux droits de l'homme.

Les citoyens, dans la rue, exigent pacifiquement le retrait du CPE et préviennent: ils ne toléreront pas que la volonté populaire ne soit pas respectée. Si ce devait être le cas, les forces de l’ordre seraient considérées comme une armée d’oppression et d’occupation d’un pays aux mains des putschistes, les bâtiments publics deviendraient des symboles de ségrégation bourgeoise anti-populaire outils du formatage des esprits et les pro-CPE une troisième colonne, une milice réactionnaire. Le gouvernement est prévenu. C’est donc à lui et à lui seul de décider s'il y aura violence ou pas. En cas de troubles, le tribunal de l’histoire le jugera seul et unique responsable. La balle est dans son camp.



Ces 3 éléments (absence de souveraineté populaire, refus du dialogue, politique violente ultra répressive) sont caractéristiques d’un régime totalitaire. C’est bien là où la France en est.

3.27.2006

Recrudescences racistes

Affaires Ilan Halimi, Pierre Ricci et Raphaël Clin: trois nouveaux cas de racisme

Fait divers tragique: Le gendarme Raphaël Clin est mort le 12 février 2006 à Saint-Martin à la suite d’un accident de la route. On a ensuite appris que le gendarme était blanc et que le conducteur qui l’a touché est noir. Et cela devient du racisme. Les bien-pensants viennent d’inventer l’accident de circulation raciste! Si racisme il y a, c’est dans le fait de voir du racisme uniquement parce que la victime est blanche.

Le 27 janvier 2006, Pierre Ricci, professeur de sciences physiques au lycée Gerso, lance à un de ses élèves qu’il sait juif un « il y aura toujours de la place pour toi au four» (comprenez au four crématoire). Curieusement, malgré cette attaque antisémite enrobée d’appel à l’holocauste, le petit prof nazillon n’encourt qu’une suspension temporaire. Au fait, le professeur est blanc et chrétien.

Ilan Halimi, jeune juif qui n’avait pas su résister à l’appel de sa braguette, est retrouvé mort. Un triste fait divers crapuleux. Et puis l’on apprend que Youssef Fofana, le responsable présumé, est noir et musulman. Pour les médias, les politiques et les bien-pensants, il ne s’agit plus d’un vol mais d’antisémitisme. Parce que l’auteur n’est ni blanc ni chrétien.

Youssef Foufane encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Pas de chance pour lui, s’il avait été blanc et chrétien comme le petit prof nazi, il n’aurait été passible que d'une peine équivalente à une suspension temporaire.

3.12.2006

Les étudiants à la pointe de la démocratie

Le formidable mouvement citoyen des étudiants nous montre combien le désir de démocratie est vif dans ce pays. Quel brillant hommage rendu aux racines gréco-islamiques de note démocratie! L'amphithéâtre devient une agora citoyenne et grâce au vote à main levée notre société reprend goût à l’esprit critique, à l'art oratoire et au débat d'idées.


L’amphithéâtre, lieu de démocratie:

Il y a peu je concluais une de mes réflexions par "La seule véritable démocratie, c'est la rue". Notre exubérante jeunesse nous démontre que l’amphithéâtre, terre de connaissance, est aussi un riche lieu de vie démocratique. Alors que dans la cité de Périclès, seuls les citoyens masculins blancs respectant scrupuleusement la religion d'Etat (comprenez le christianisme) avaient le droit de vote, dans l’amphithéâtre tout le monde peut rentrer librement, s'exprimer et voter démocratiquement(cela quelque soit nos idées, notre statut social, notre âge(1) ou notre nationalité (2)). La supériorité de la pensée estudiantine met ainsi en lumière la lépénisation de la pseudo démocratie athénienne.


Le vote à main levée, vote de maturité:

Le constat est sans appel: la démocratie par les urnes, qui donne de l’écho aux sentiments les plus haineux, est un échec, en plus d'être illégitime. La présence de Jean-Marie Lepen au second tour de l’élection présidentielle et la victoire de la droite l’ont une fois de plus démontré. Dans l’anonymat de l’isoloir, planqué, déresponsabilisé et à l’abri de l’indispensable vigilance citoyenne des élites progressistes, le votant laisse libre court à ses bas instincts et les actions irréfléchies se multiplient. Pourquoi faudrait-il se cacher pour voter alors que le vote doit être le fruit d’une réflexion basée sur la recherche du bien public, de la justice sociale et du respect de la différence? . Par opposition aux urnes, ultime refuge des lâches, le vote a main levée est un acte de courage, d’honnêteté intellectuelle et d’ouverture à la discussion citoyenne.

La pensée conservatrice française est marquée par sa préférence pour la théorie plutôt que la réalité. Ne tombons pas dans ce piège. Que montrent les faits? Quand les élections traditionnelles conduisent à l'indécision et aux majorités molles, le vote à main levée célèbre la victoire du consensus et de l’unité démocratique. Qu’attendons-nous donc pour exiger que la Constitution rende le vote à main levée obligatoire pour toutes les élections?

Joël Monpère


(1) Le mouvement social des cités de novembre 2005 a montré l'étourdissante précocité d'une jeunesse qui, souvent dès 11-12 ans, a une conscience sociale et politique très développée. Au nom de quel principe devrait-on l’empêcher de s’exprimer?

(2) Rappelons qu'en 2006, dans ce pays, de nombreux citoyens français se font encore refouler des bureaux de vote au prétexte xénophobe qu'ils sont sans papiers. Il s’agit là d’un véritable racisme d’Etat institutionnalisé