Poésie urbaine et racisme

« La France est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser, comme une salope, faut la traiter mec» « Putain de flics de fils de pute. »

Certes les propos sont excessifs. Mais le malaise des immigrés et la ségrégation dont ils sont victimes le sont bien plus.

Ce n'est toutefois pas sur ce point que je veux insister. La poésie, autrefois art désuet, est en plein renouveau. Jusqu'ici pratique bourgeoise et timorée, c'est devenu un art du réel, coloré, vivant, ouvert et profondément ancré dans le quotidien. L'écriture est désormais sans détour. Le style est direct. Le talent criant. Autrefois vouée au gnan gnan, la poésie d'aujourd’hui a acquis une véritable dimension sociale et revendicative. L'art des cités se révèle ainsi bien plus mature et bien plus aboutie que les textes cucu la praline dont nous avaient gratifiés les Rimbaud, Hugo, Verlaine et autres Robert Dupont du bar PMU du coin. Va t'on continuer longtemps à faire perdre leur temps à nos chères petites têtes brunes avec ces auteurs rébarbatifs au talent dépassé? Faut-il être blanc, chétien et bourgeois pour être publié dans les collections de la Pléiade?


Autre commentaire: Le talentueux auteur de cette poésie du réel, Monsieur R, se prénomme Richard (Yvan Rioufol aurait sans nul doute préféré qu'il s'appelle Mamadou ou Rachid) et a la nationalité...belge! Et oui. Il est citoyen du pays le plus proche culturellement des français. La xénophobie et la haine de l'autre sont donc si profondes dans ce pays qu'elles touchent même les ressortissants des peuples les plus proches.
La nationalité de l'artiste donne une dimension nouvelle à ses textes: le malaise touche tous les immigrés, d'où qu'ils viennent. D'Europe ou d'ailleurs. Cela met également en lumière à quels points les discours (largement véhiculés par les médias de masse) prétendants que les noirs et les arabes seraient le seuls à avoir des difficultés pour s'intégrer sont faux, en plus d'être nauséabonds. Comment continuer à vomir que les prétendues différences de valeurs, de cultures, de traditions entre les français et les africains seraient un frein à l'unité de ce pays? Plus personne ne pourra le prétendre. Plus personne ne devra pouvoir le prétendre.


A nous d'oeuvrer pour que la loi et la morale interdisent de tenir ce genre de propos